traversé çà et là par de brillants soleils;
le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
pour rassembler à neuf les terres inondées,
où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
trouveront dans ce sol lavé comme un grève
le mystique aliment que ferait leur vigueur?
— O douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
et l'obscur Ennemi que nous ronge le cœur
du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Charles Baudelaire: Les fleurs du mal (1850)
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